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C'est une histoire industrielle pourrait-on dire : des professionnels sous-traitants de l'industrie automobile qui se trouvent confrontés à la crise économique et qui en deux ans mettent le paquet sur la diversification de leur activité pour sauver les emplois de leurs ouvriers.
Des ouvriers déficients mentaux... et extrêmement performants. Leur directeur n'est pas peu fier de dire : « Nous avons 6 pièces mauvaises pour un million de pièces livrées, quand le critère d'excellence mondiale est de... 10 pièces mauvaises. »
Une tradition : l'industrie automobile
L'entreprise dont nous parlons, les Ateliers Spécialisés Technoland (AST), est implantée depuis 43 ans dans le bassin industriel de Belfort-Montbéliard. C'est le fief de Peugeot et tout naturellement c'est ce mastodonte de l'automobile qui sera le client principal de l'entreprise qui regroupe une EA (entreprise adaptée) et un ESAT (établissement et service d'aide par le travail). Elle fait 95% de son chiffre d'affaires avec PSA. Même si au début les responsables de Peugeot avaient l'impression de répondre à « une main tendue » en refilant aux AST les travaux que l'entreprise ne voulait plus faire, aujourd'hui ils les considèrent comme un de leurs meilleurs fournisseurs de rang 1.
Déjà innovant
Mais pour répondre au mieux à la demande de ce (très) gros client, les AST n'ont cessé d'innover. A eux le soin de produire toute la câblerie de puissance du constructeur, une spécialité que les AST ne partagent qu'avec un autre fournisseur européen et un japonais ! Pour être au top, il a fallu adapter le processus de production aux personnes handicapées. C'est un éducateur se souvient-on qui eut l'idée de mettre en place un langage imagé pour remplacer les multiples codes dans lesquels se seraient perdus des ouvriers qui ne savent pas lire. Et pour s'y retrouver dans les 10 000 câbles qui sortent des ateliers c'est tout un dictionnaire visuel d'une centaine de pictogrammes et de cinq à six couleurs qui permet à ce que tout puisse aller comme sur des roulettes !
La crise... et le bénéfice de la crise
Arrive la crise et avec elle la chute des commandes. A l'Adapei du Pays de Montbéliard dont dépendent les AST on est conscient que la survie de l'activité tient dans un mot : di-ver-si-fi-ca-tion. Daniel Hauger, directeur du secteur travail, sait qu'il faut trouver de nouveaux marchés pour les 153 ouvriers de l'EA et les 291 de l'ESAT. Il n'a pas le temps d'attendre. Il faut faire vite. Première réflexion : utilisons nos compétences issues de notre expérience dans l'industrie automobile. L'entreprise transfère son savoir-faire dans le secteur de la rénovation et du recyclage en travaillant par exemple pour un industriel de l'électro-ménager en lui fabriquant des fers à repasser. A côté de cela toute une gamme d'activités de service est développée comme le jardinage et l'entretien d'espaces verts ou l'entretien de surfaces industrielles ou de bureau (c'est « AST Propreté »). Dernier projet : la création d'une cuisine centrale qui emploiera 40 personnes et fournira 5000 repas/jour avec création d'une cafétéria ! Tout cela, résume un brin provocateur Daniel Hauger, c'est « le bénéfice de la crise. »
Là où il y a de la GED, il y a de l'avenir
Mais il ne suffit pas de développer les activités traditionnelles du secteur protégé. Pour Daniel Hauger il faut oser aller vers de nouveaux métiers où, a priori, on imagine mal des travailleurs handicapés : « Le réflexe de faire tondre son gazon par un ESAT ne pose pas de problème. Mais lui confier un travail intellectuel ne fait guère partie des choses que les gens imaginent. » C'est pourtant dans cette direction que se sont dirigés les AST avec la GED. Comprenez gestion électronique de documents. Il s'agit de trier des archives ou de la documentation, de choisir ce qui sera détruit et conservé, de faire de la numérisation, du classement, de constituer des bases de données « intelligentes »... ce que 18 personnes de sept structures de travail protégé de Franche-Comté viennent de réaliser en huit mois en traitant plus de 300 000 (327 182 !) dossiers du Crédit Agricole régional. Les AST jouent sur ce projet le rôle de tête de réseau régional... avant peut-être de passer à un niveau national en créant une véritable filière GED du travail protégé afin de répondre aux demandes de grosses entreprises nationales qui, l'effet de surprise dépassé, commencent à se positionner comme de futurs clients. Une victoire qui a été rendue possible par la traduction dans le secteur des services de la rigueur et des méthodologies issues de l'expérience industrielle antérieure des AST.
posté par Marie Pierre sources article Blog GESAT