La multiplication des réformes ne joue pas en faveur du gouvernement. Alors que la ministre du Travail Muriel Pénicaud a présenté les grandes lignes du nouveau dispositif de la formation professionnelle le 5 mars dernier, beaucoup de Français ignorent encore les grands axes du projet de l'exécutif selon la dernière enquête mensuelle d'opinion BVA/La Tribune sur "les questions de l'économie."
Manque de pédagogie?
72% des répondants ont déclaré à l'institut de sondages qu'ils avaient entendu parler du projet de réforme de la formation professionnelle, 26% des Français ignorent totalement l'existence de cette réforme et 2% ne se sont pas prononcés. En revanche, les résultats indiquent que le gouvernement devra faire preuve de pédagogie dans les semaines à venir. En effet, seuls 17% des Français déclarent voir en quoi il consiste contre 55% qui ne voient pas précisément ce dont il s'agit. Des chiffres qui peuvent inquiéter sachant que cette réforme va avoir des conséquences sur la vie professionnelle de millions d'actifs.
Au niveau des profils, il existe de fortes disparités. La notoriété du projet de réforme est plus importante chez les plus de 50 ans (83%) et les cadres (73%), que chez les moins de 50 ans (62%) et chez les employés et ouvriers (65%). Sur le plan politique, là encore les résultats présentent quelques contrastes.
"La notoriété du projet annoncé par Muriel Pénicaud est légèrement plus importante chez les sympathisants des Républicains (89%) et du Parti socialiste (81%) que chez ceux de LREM (75%) alors que les sympathisants FN (62%) et LFI (61%) se situent en retrait."
Le système actuel très critiqué
Si une minorité de Français perçoivent les principaux enjeux de la nouvelle réforme, une grande majorité des répondants désapprouvent totalement le système actuel. 77% des interrogés estiment que le système de formation n'est pas efficace (84% des cadres), ils sont également 77% à juger qu'il n'est pas facile à comprendre (85% des moins de 35 ans) ou encore 75% jugent qu'il n'est pas facile d'accès. Ces résultats reflètent "la très forte défiance des Français à l'égard du système de formation, une défiance qui se lit plus fortement encore auprès des sympathisants LREM, des moins de 35 ans et des cadres qui ont exprimé des opinions plus négatives encore."
Quelles sont les mesures soutenues ?
Les mesures relatives à la formation des demandeurs d'emploi et les salariés les moins qualifiés sont largement soutenues par les Français. 63% des Français estiment qu'il est prioritaire de soutenir la formation de ces publics. Il faut rappeler qu'actuellement, ce sont en priorité les actifs occupés du secteur privé (42,8%) et les agents du secteur public (17,4%) qui se partagent la plus grande part de l'enveloppe annuelle consacrée à la formation professionnelle (32 milliards d'euros). À l'inverse, les personnes en recherche d'emploi (15,1%) et les jeunes (23,7%) bénéficient d'une part bien bien plus faible de la dépense consacrée à la réforme rappelle une récente étude du ministère du Travail.
Les autres mesures jugées comme prioritaires par les Français (40%) concernent la participation des grandes entreprises au financement de la formation des TPE/PME (40% des Français jugent ceci prioritaire) et la création d'une instance pour certifier les formations et un observatoire de l'évolution des prix des formations, prioritaire pour 39% des Français.
En revanche, la possibilité que le compte personnel de formation (CPF) soit abondé en euros et non plus en heures recueille relativement peu d'intérêts chez les Français puisque 14% jugent cette mesure prioritaire. Enfin, la mesure qui consiste à proposer des formations uniquement sur Internet ne rencontre pas non plus un franc succès. Seuls 9% des Français considèrent que cette proposition est prioritaire. Ce taux illustre un attachement des répondants à des formats de formation plus classiques en présence d'un formateur par exemple. (sources la Tribune).
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