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Entreprises adaptées. De vraies PME avant tout!
Conciliant performance économique et mission sociale, les entreprises adaptées (EA) offrent des partenariats intéressant aux PME «classiques». À travers la sous-traitance notamment. Ces entreprises, au nombre de 55 dans la région, favorisent l'insertion et la promotion professionnelle de travailleurs handicapés. Elles peuvent également servir de tremplin vers des postes dans des entreprises du milieu ordinaire de travail.
Entreprises à but social et acteurs économiques, les entreprises adaptées ont comme principale spécificité d'employer au moins 80% de salariés en situation de handicap. On en dénombre cinquante-cinq dans les Pays de la Loire.
Anciennement atelier protégé, l'entreprise adaptée est une entreprise à part entière. Elle se développe sur un marché concurrentiel et est soumise aux mêmes contraintes de rentabilité et d'efficacité que les entreprises dites du «milieu ordinaire» de travail. Elle répond aux mêmes exigences de qualité, d'optimisation des coûts et de réactivité que les autres entreprises. Ses ressources proviennent à 80% de ses clients. Sa particularité est d'employer durablement 80% de salariés handicapés dans son effectif de production, dans des conditions de travail adaptées à leur handicap. Ces travailleurs disposent du statut de salarié, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs que n'importe quel salarié.
Un tremplin
Ces structures bénéficient d'aides de l'État. Leur mission principale est de permettre une insertion et une promotion professionnelles en tenant compte du handicap de la personne. Elles peuvent également servir de tremplin vers les entreprises non adaptées. Les travailleurs handicapés d'une entreprise adaptée peuvent, avec leur accord et en vue d'une embauche éventuelle, être mis à disposition d'un autre employeur.
Un partenariat sous différentes formes
Être acteur de l'économie sociale et solidaire, développer des partenariats durables avec un sous-traitant, travailler en collaboration avec des professionnels spécialistes de leur métier ou encore réduire sa contribution Agefiph (Association nationale pour la gestion du fonds d'insertion professionnelle des handicapés) sont autant de raisons pour une entreprise d'avoir recours à une entreprise adaptée. Le partenariat peut prendre différentes formes: contrats de prestations de services ou de sous-traitance.
Des entreprises adaptées nombreuses dans la région
Avec 2.800 travailleurs en situation de handicap, dont 2.600 équivalents temps plein, embauchés dans les entreprises adaptées des Pays de la Loire, la région arrive largement en tête au niveau national, devant Rhône-Alpes (1.900 salariés). Elle compte 55 entreprises adaptées réparties sur son territoire, dont 17 dans le Maine-et-Loire, 16 en Loire-Atlantique, 11 dans la Sarthe, 6 en Vendée et 5 en Mayenne (la liste est disponible sur www.unea.fr). En France, plus de 600 entreprises adaptées emploient 25.000 salariés. Elles proposent des prestations dans tous les secteurs de l'industrie et des services.
Jean-Charles Bernier dirige l'entreprise adaptée du Haut-Anjou à Noyant-la-Gravoyère. Il emploie une vingtaine de salariés handicapés dans cette structure qu'il considère très proche d'une PME classique.
Avant toute chose, pouvez-vous nous présenter l'entreprise adaptée du Haut-Anjou?
C'est une entreprise qui émane au départ de l'Association d'aide aux handicapés adultes du Haut-Anjou. 21 travailleurs handicapés, encadrés par deux monitrices, y travaillent toute l'année dans différents secteurs d'activités. C'est là d'ailleurs une de nos particularités, nous n'avons pas de spécialisation, mais un savoir-faire dans la sous-traitance industrielle, comme l'ébarbage plastique ou le conditionnement, mais aussi dans la micromécanique et la confection. Nous avons une vingtaine de donneurs d'ordre, plutôt des PME, qui se situent principalement dans le triangle Angers-Rennes-Nantes. Ces clients nous ont permis en 2008 de réaliser un chiffre d'affaires de 650.000 €.
On peut donc vous comparer à une PME ?classique??
Notre fonctionnement est le même que celui de n'importe quelle PME. On nous sollicite pour des devis, qui sont mis en concurrence, on a une obligation de résultat, des charges de structure et des clients qui nous demandent de respecter des délais d'exécution. Nous formons également les salariés, nous avons mis en place des contrôles qualité, nous pouvons aussi innover avec un bureau d'études intégré. Alors oui, nous sommes une PME comme les autres, seul le personnel est un peu différent. Travailler avec des personnes qui présentent des déficiences ou maladies mentales pose évidemment quelques limites, dont la principale est la complexité du travail demandé. Mais nous sommes plein de ressources et de polyvalence, ce qui nous permet de décrocher des marchés.
Justement, certains concurrents vous accusent de casser les prix. Qu'en est-il réellement?
Nos tarifs sont ceux du marché. Comment pourrait-il en être autrement? Il y a plusieurs aspects à prendre en compte. C'est vrai, nous avons moins de pression financière sur les salaires, mais souvent pour effectuer une tâche il faut deux travailleurs handicapés, contre un travailleur valide. De plus, le matériel est plus sollicité chez nous, il faut adapter les postes de travail, les formations comme le Caces par exemple sont plus onéreuses parce qu'adaptées. Tout cela nécessite d'investir un peu plus qu'ailleurs. Ce que nous gagnons sur les salaires, ce n'est pas du bénéfice net, ce sont des sommes qui sont réinvesties dans l'entreprise.
Les entreprises adaptées ont donc toute leur place dans le paysage économique?
Bien sûr, pour preuve des entreprises du Segréen nous sollicitent de plus en plus pour les appels d'offres. Beaucoup de chefs d'entreprise ont bien compris que nous étions des partenaires comme les autres. Ceux qui restent sur leurs positions n'ont qu'à embaucher des travailleurs handicapés, ils verront ainsi nos contraintes quotidiennes. Cela ne me pose pas de problème, bien au contraire,. Dans un monde idéal les EA n'existent pas, puisque les travailleurs handicapés sont parfaitement intégrés dans les entreprises!
1. Proximité
Avec 55 unités dans la région, le maillage des entreprises adaptées est très bon. Leur proximité est un atout majeur en terme de logistique. Certaines d'entre elles ont même développé leurs propres services dédiés au transport (prise en charge de la matière première chez le client, transformation dans l'EA, retour du produit fini chez le client).
2. Réactivité
Les EA ont fait de la réactivité un de leurs arguments. Leur structure leur permet de s'adapter aux demandes de clients devant faire face à un pic d'activité ou ne souhaitant pas monopoliser ses propres salariés pour des petites séries.
3. Souplesse
Prestation in situ, sous-traitance de spécialité ou de capacité, diversité des savoir-faire, les EA sont capables d'apporter des solutions extrêmement diverses à leurs clients.
4. Qualité
Contrairement à certaines idées reçues, les entreprises adaptées font de la qualité une préoccupation première et déçoivent rarement leurs clients. La raison principale: elles n'acceptent généralement que des commandes en rapport avec les process maîtrisés.
5. Respect de l'obligation d'emploi
La loi du 11février 2005 incite les employeurs à remplir des obligations d'emploi de travailleurs adaptés. Le recours à une EA peut permettre de remplir jusqu'à 50% l'obligation d'emploi.
Spécialiste de la sous-traitance pour l'industrie du luxe, Asar développe aussi ses propres produits. L'entreprises adaptées des Ponts-de-Cé emploie soixante personnes.
En majorité sous-traitantes, les entreprises adaptées subissent de plein fouet la crise économique. «D'où l'intérêt de développer de plus en plus des produits en propre», souligne Éric Froger, créateur et directeur de l'entreprise Asar (Aide et soutien à l'accompagnement pour la réinsertion). Densibois, barquette de bois densifiée pour barbecue, ou encore Le Toit du couvreur, matériel destiné aux professionnels de la couverture... L'entreprise adaptée des Ponts-de-Cé a récemment lancé la commercialisation de deux nouveaux produits. Avec des premiers résultats encourageants. Dans les années à venir, l'entreprise aimerait réaliser 50% de son activité grâce à ses propres produits, contre 25% actuellement. Fondée en 2003, Asar emploie soixante personnes en situation de handicap. Spécialisée dans l'industrie du luxe, elle intervient également en sous-traitance industrielle diverse. En moyenne, depuis la création de l'entreprise, une personne salariée d'Asar quitte la structure chaque année pour une embauche définitive en milieu ordinaire.
Puiser dans le vivier des entreprises adaptées comme solution à des problèmes de recrutement. Une pratique encore rare chez les chefs d'entreprise, mais qui pourrait se démocratiser.
«Intégrer des travailleurs handicapés issus d'entreprises adaptées, c'est possible. C'est même une de nos missions. Mais il faut rester réaliste, cela n'arrive pas tous les jours.» Le constat de Jean-Charles Bernier a le mérite d'être clair. Il devrait cependant pousser à la réflexion, notamment dans les secteurs qui peinent à recruter du personnel de production. Plusieurs points d'achoppement sont toutefois à mettre en avant. D'un côté il est nécessaire d'avoir une réelle volonté du chef d'entreprise d'intégrer du personnel handicapé, notamment en matière d'adaptation et d'encadrement du poste de travail. De l'autre il faut prendre en considération les limites physiques et intellectuelles du travailleur, sa capacité à évoluer dans un environnement forcément moins favorable que l'entreprise adaptée. Passés ces obstacles, les différentes intégrations réussies montrent que cela fonctionne. Des expériences à prendre en exemple à l'approche de la mise en application de la loi sur le handicap (voir page précédente).
publié par J.Bert .Directeur d'E.A
Extramuros, une entreprise d'insertion dédiée au recyclage
Et si nous allions chercher le bois plutôt dans nos villes que dans les forêts? C'est l'idée d'Extramuros, une entreprise d'insertion et de recyclage qui fabrique et distribue des objets réalisés à partir de matériaux de récupération. Écologique et sociale, cette bonne initiative intéressait forcément ecoplusTV qui s'est rendu dans les ateliers de fabrication d'Extramuros et a participé à une opération de sensibilisation dans le 20ème arrondissement de Paris.
La ferme Nos Pilifs (ETA - entreprise de travail adapté) Bruxelles
La Ferme "Nos Pilifs" est l'exemple de ce que devrait être une entreprise de travail adaptée pour les personnes déficientes. C'est pourquoi, par l'entremise de la Fondation Lou, j'ai apporté ma contribution à la production pour que ce film puisse exister et que de tels projets s'essaiment.
réalisé par Luc Boland
Les Entreprises adaptées de plus en plus sollicitées...
35 000 salariés handicapés dans le secteur marchand concurrentiel et réalisent 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Le nombre d’entreprises adaptées a été multiplié par sept en 25 ans
Le nombre de demandeurs d’emplois handicapés a augmenté de 14% en un an. Résultat : les entreprises adaptées n’ont jamais été aussi sollicitées et poussées selon le constat qui sera fait au congrès de l’Union nationale des entreprises adaptées(UNEA) les 19 et 20 juin à Saint-Malo. « Outre les handicaps physiques, liés aux accidents de la vie ou du travail, nous constatons une hausse des handicaps psychiques causés par le stress en entreprise », explique Sébastien Citerne, directeur de l’UNEA, qui fédère plus de deux tiers des quelque 700 entreprises adaptées. Leur spécificité ? elles emploient plus de 80 % de travailleurs handicapés et sont aux 2/3 lancées sous forme d’association, beaucoup dans les travaux paysagers, le nettoyage, le conditionnement et la mécanique industrielle. Elle réalisent 1,5 million de chiffre d’affaires en moyenne et emploient 34 salariés à 93% embauchés en CDI.
En 25 ans, leur nombre a été multiplié par sept et il continue d’augmenter pour répondre aux attentes croissantes du public concerné. Elles tentent de pallier le fait que, malgré l’obligation légale de compter 6% de travailleurs handicapés dans leurs effectifs, 20% des entreprises classiques n’en recrute aucun.
Aujourd’hui, les entreprises adaptées emploient 35.000 salariés handicapés dans différents secteurs marchands concurrentiels sur lequel elles réalisent 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires. Contrairement aux personnes handicapées employées dans un ESAT (établissement et service d’aide par le travail), percevant une indemnité de l’ordre de 55% du SMIC, les salariés des entreprises adaptées bénéficient des règles salariales de droit commun (100% du SMIC) et des conventions collectives. Confrontées à un manque de compétitivité lié à leurs contraintes elles perçoivent de l’Etat une aide au poste (13 730 euros par an et par salariés).
C’est le cas de Flavien à Lunéville (Meurthe et Moselle), spécialisée dans la parfumerie et les produits d’entretiens. « La productivité des travailleurs handicapés est inférieure à celle des salariés valides, il faut plus d’encadrement et adapter les postes de travail, ce qui renchérit nos coûts. Mais nos clients sont sensibles aux valeurs sociales et solidaires que nous portons, et à l’origine française de nos produits et des matières premières utilisées », explique Frédéric Kotz-Hernandez, directeur général de cette société qui emploie une quarantaine de handicapés, pour un chiffre d’affaires de 5,5 millions d’euros.
KPMG a récemment publié une étudequi chiffre les retours sur investissement des aides aux entreprises adaptées : à partir d’une rémunération de 16 743 euros brut par an, un euro investi par la collectivité pour l’emploi d’une personne handicapée lui est retourné sous forme de recettes fiscales et sociales estime l’étude pour qui le dispositif doit être développé. Pour développer ces secteur, l’UNEA voudrait notamment faciliter l’accès des entreprises à la Banque Publique d’Investissement, qui dispose d’une enveloppe de 500 millions d’euros dédiée à l’économie sociale et solidaire.
Ma vie avec mon handicap...
Adhérent à Sésame Orsay depuis 2007, Johan, 26 ans, a réalisé un court-métrage sur sa vie et ce qu'il ne parvient pas à dire à ceux qui le regardent avec méfiance, à cause de sa différence