Handicap psychique et emploi, le travail qui soigne....
70 % des personnes interrogées indiquent que le travail est très important dans leur vie ,comme Pierre dans ce reportage .Cette importance accordée, au-delà de la rémunération, est en lien avec l’intérêt intrinsèque de l’emploi et recouvre de fortes attentes en matière de réalisation et d’expression de soi, ainsi que d’attention portée aux relations sociales. Les attentes à l’égard du travail sont avant tout dans le registre de l’accomplissement et de la fierté, et donc de la construction identitaire. Cette construction identitaire, qui reste toujours inachevée, va se forger à la fois sur le champ personnel et sur le champ social, en particulier celui du travail. La place du travail, bien que variable suivant les sujets, représente le plus souvent l’élément principal de l’équilibre psychique!
Ces fortes attentes expliquent l’engagement des salariés dans leur travail. La personne investit son expérience, ses émotions, sa façon singulière de vivre sa situation et ses relations humaines au travail.
Une enquête interrogeant sur leur travail ,70 salariés venant de réaliser un geste suicidaire, quels que soient ce geste et le lieu d’effectuation, a mis en évidence qu’il n’y a pas de neutralité vis-à-vis du travail. Celui-ci est décrit comme positif ou négatif, avec ou non un rapport direct avec le geste suicidaire. Pour 40 % de ces salariés, le travail est vécu comme protecteur et n’a aucun lien direct avec leur geste. Pour 60 %, le travail est responsable en tout ou partie du geste suicidaire : 20 % estiment que le travail n’est qu’un élément accessoire du geste, 20 % indiquent que le travail est l’élément principal du geste dans un contexte de problèmes personnels, et enfin, pour les derniers 20 %, le travail est évoqué comme l’unique cause du geste suicidaire.
Les personnes interrogées décrivant des éléments du travail vécus comme positifs et protecteurs de leur santé soulignent en premier lieu le lien avec le collectif de travail, puis le sentiment d’être utile, d’aider les autres, d’avoir de l’indépendance financière, de la liberté, d’avoir de la reconnaissance, et d’avoir une activité permettant de ne pas penser à ses problèmes personnels.
Le travail, quelles qu’en soient les formes, peut donc être considéré comme thérapeutique car il joue un rôle important et souvent majeur en ce qui concerne l’intégration et la reconnaissance sociale, et au-delà, l’épanouissement et la construction identitaire. Cependant, pour pouvoir offrir des vertus thérapeutiques, outre l’apport financier qui lui est lié, le travail doit présenter au salarié un versant positif en termes de sens du travail, de relations et d’organisation du travail, y compris dans le cadre d’un emploi précaire ou à temps partiel.
sources: M. Gehin, M. Raoult, « Geste suicidaire et travail : enquête aux urgences psychiatriques du chu de Caen », Archives des maladies professionnelles et de l’environnement 2013,
Handicap psychique et emploi, la difficile insertion professionnelle
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