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L'accueil du handicap psychique en travail protégé...

4 Avril 2015 , Rédigé par CAC-FORMATIONS

La personne atteinte de maladie psychique présente des troubles de la relation aux autres mais aussi de sa relation à elle-même. Cela se traduit notamment par une altération de perception de la réalité, induisant des comportements, des expressions, des attitudes de vie souvent génératrices de souffrances.

Le handicap psychique est la conséquence d’une maladie psychique (schizophrénies, troubles bipolaires, dépression grave, états limites…). Il se caractérise par des troubles du comportement et de la relation, la maladie est évolutive et peut être plus ou moins bien stabilisée. L’humeur, la sensibilité, les émotions, les comportements et les affects sont perturbés et instables dans le temps. Les personnes affectées par des troubles psychiques subissent un handicap plus ou moins accentué, invalidant fortement la personne dans son environnement social et professionnel.

La spécificité de prise en charge...

Les besoins d’un individu quel qu’il soit, sont identifiés (cf. Théorie de Maslow). La satisfaction de ces besoins se fait dans l’ordre hiérarchique posé : besoins physiologiques, sécurité, appartenance, estime de soi, reconnaissance et épanouissement personnel. Mais pour parvenir à « l’épanouissement personnel », les étapes à franchir se révèlent délicates lorsqu’il s’agit d’une population souffrant de handicap psychique. Les attentes de l’ouvrier au sein de notre établissement sont soumises à la satisfaction des besoins élémentaires (physiologiques, sécurité au travail). À ces besoins se surajoutent des attentes souvent implicites : Une reconnaissance dans le rôle au travail, le respect de l’individu, une progression des apprentissages, un retour de la confiance en soi, la recherche d’appui et d’accompagnement dans les démarches d’ordre social, une écoute dans les moments de doute ou de détresse, un relais de l’appui médical, une parole, un soutien, un cadre, des règles de conduite, une projection dans un futur plus réaliste, un sens à l’existence meurtrie…

Nous considérons la personne (ici l’ouvrier d’ESAT), dans toute sa dimension ; avec ses potentialités, ses attentes, ses limites, ses implications. Le travail constitue alors le principal support de socialisation et devient un outil complémentaire de l’accompagnement thérapeutique et médical.

Redonner du sens...

Où comment par l'intermédiaire du travail protégé puis-je progresser dans la maîtrise de certains aspects de ma vie ?

Nous donnons la possibilité à la personne, grâce à une mise en situation de travail, grâce à une écoute bienveillante des professionnels, et grâce à un accompagnement individualisé, de devenir un individu autonome reconnu dans sa particularité. La fragilité constitutive de l’état psychique des usagers accueillis en travail protégé nous conduit à nous interroger en permanence sur la pertinence des réponses apportées.

Les problèmes posés par le manque d’hygiène par exemple, vont créer des difficultés d’intégration au groupe de travail et une certaine mise à l’écart. L’estime de soi peut être affectée engendrant à son tour une cascade d’évènements qui vont dégrader l’équilibre antérieur.

Il nous appartient de veiller quotidiennement à la satisfaction des besoins de l’ouvrier, mais aussi de ses attentes légitimes. Nous accompagnons la personne en adaptant et en modulant les réponses. La vigilance nous permet alors de réagir et de proposer la solution pertinente.

Sans cesse est remis en question le fragile équilibre ainsi trouvé...

Des évènements, des situations nouvelles peuvent induire une rupture de cet équilibre et conduire l’ouvrier vers la remise en cause de ses acquis (techniques, pratiques, intellectuels…). Des phases de confusion peuvent apparaitre et perturber l’état émotionnel, affectif ou mental.

La réponse aux besoins et aux attentes :

Accueillir la personne sans apriori, dans le souci constant de son bien-être, avec bienveillance, laissant à cette dernière la plus grande latitude possible dans ses choix, ses orientations.

Notre travail est orienté vers la prise en charge de la personne dans une approche globale.

Dans le cadre de notre action, nous nous efforçons dans la mesure du possible, de répondre aux demandes de l’ouvrier, ce dernier peut être porteur d’un projet plus ou moins réaliste, il peut ne pas avoir de projet défini, être dans l’impossibilité de se projeter dans l’avenir.

Il revient à la structure d’évaluer la pertinence des désirs : retour dans le milieu ordinaire que nous jugeons prématuré, demande de formation inadéquate au regard des acquis…

Nous devons interpréter les faits au-delà des apparences...

Par exemple, les retards récurrents d’un ouvrier, ses absences, ses lenteurs, sa fébrilité ou son mutisme sont à replacer dans le contexte de la maladie ;

D’autres montrent à l’inverse une certaine détermination dans la volonté « d’en sortir », sont prêts à s’investir (travail, formation, initiatives…), mais le réel des situations professionnelles révèle très vite les limites de la volonté et des capacités du sujet.

Ces faits sont souvent la manifestation de stress, d’angoisses et de troubles liés à la maladie. Ils constituent une des faces apparentes du handicap.

Nous sommes donc engagés dans la mise en place d’une « éthique de l’innovation » :

« Inventer » une réponse pour chaque personne...

Notre capacité à répondre de façon individuelle à chaque problématique est engagée.

La capacité de réaction et d’adaptation doit avoir un impact positif dans la vie sociale, affective et professionnelle de l’usager.

Les moniteurs d’atelier repèrent les potentiels de la personne accueillie, tentent de les mettre en valeur, en apportant grâce au travail en équipe une resocialisation (à l’intérieur de l’activité de production) permettant l’accompagnement dans le « futur professionnel et social » de l’ouvrier ainsi reconnu.

La mise en place de procédures d’accompagnement (le PAS, le référent-moniteur…) constituent des repères précieux dans le travail au quotidien, le personnel encadrant peut s’appuyer sur des protocoles précis et organisés, qui permettent le suivi de la personne. Ce sont des supports indispensables aux professionnels confrontés aux fluctuations de la maladie.

C’est une véritable interactivité ,un lien essentiel entre l’ouvrier accueilli et la structure elle-même représentée par tous ses intervenants (moniteurs, direction…) Notre action se concrétise par une prise en charge dans laquelle nous repérons les fragilités de la personne pour pouvoir adapter nos réponses :

  • Dans le cadre du travail : nous proposons à la personne accueillie un poste de travail, une intégration dans un atelier qui corresponde à ses attentes, ses capacités et qui s’intègre dans la dynamique de production de l’ESAT.
  • Dans le cadre de l’accompagnement : nous créons un lien entre la personne et son « référent moniteur d’atelier ». Le référent accompagne l’ouvrier dans son travail proprement dit, par une écoute attentive, il est disponible pour des échanges qui dépassent souvent le cadre du travail. Le référent devient l’accompagnant, une interface entre l’ouvrier et la structure de travail..

Le travail protégé où le travail qui soigne un dispositif qui permet une approche de la personne dans toute sa dimension : en dépassant l’activité purement économique (aujourd’hui incontournable) nous tentons d’appréhender la personne dans l’éventail des situations qui se manifestent dans la « mosaïque de sa personnalité »

posté par Pierre LARABI

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